L’impensé de la culture

Gabriel Bender et Isabelle Moroni ont signé en 2011 un ouvrage de références croisées sur les politiques culturelles en Valais. Le tracé historique choisi par les deux auteurs a été notamment celui du passage du principe de la subsidiarité à celui d’une vraie gouvernance. La subsidiarité, c’est le principe du renvoi de la responsabilité de l’action aux communes et aux privés. La gouvernance, c’est le choix d’un certain pilotage institutionnel de la culture.

Un chapitre spécifique du livre est réservé à la capitale du Valais, « Sion : portraits tirés ». Isabelle Moroni y relève d’emblée un paradoxe : au regard extérieur, Sion prévaut par sa richesse patrimoniale, deux châteaux marquant de leur empreinte la cité; mais la culture demeure le parent pauvre des actions politiques de la commune. Selon l’auteur, les pouvoirs locaux sont marqués par une certaine résistance à l’apprentissage : « malgré l’appel répété des experts, la construction d’une infrastructure culturelle, à la mesure d’une capitale régionale, n’a toujours pas été lancée ». Et puis, selon les statistiques à disposition, la commune de Sion dépense 100 fr. par habitant pour la culture (dépense moyenne pour les villes suisses = 145 fr.; dépense pour la ville de Monthey = 177 fr.).

Les questions nécessaires liées au champ de la culture en Ville de Sion soulevées par les auteurs peuvent être résumées ainsi :

  • la construction d’une salle de spectacle, puis les modalités d’exploitation de ce lieu de culture
  • la capacité des autorités à pouvoir maîtriser une vraie dialectique entre changement et inertie
  • l’importance dans le budget annuel des subventions communales octroyées au Festival International de Musique Sion Valais
  • la réalité des compétences octroyées à la Commission municipale chargée de la culture
  • le contenu futur des liens entre la Ville de Sion et les nouveaux espaces retrouvés de la culture sédunoise

Les moyens annuels mis à disposition de la culture en Ville de Sion et les investissements choisis imposeront des réponses différenciées aux questions soulevées. Oser prendre le chemin d’un accroissement substantiel du budget de la culture est-il vraiment un risque inconsidéré comme veulent le souligner les frileux, les indécis ou les inertes ? En ces temps maussades, on peut avoir comme but d’organiser la vie culturelle dans la cité sédunoise avec le souci de savoir pourquoi « le chef-lieu sédunois s’interdit encore de prendre les rênes d’une politique culturelle régionale et de jouer, même modestement, son rôle de capitale du Valais ».

L’un des enjeux possibles du choix des prochains conseillers municipaux peut être celui de l’inclination des personnes à saisir la culture comme un secteur légitime d’intervention publique ou à préférer le choix de l’inertie conservatrice et libérale.

 

Gabriel Bender/Isabelle Moroni, Politiques culturelles en Valais, Histoire, acteurs, enjeux, Editions [réalités sociales], 2011, 207 p.

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